Plagiocéphalies et torticolis, point de vue de l’ostéopathe….

Les plagiocéphalies

Définitions :
La plagiocéphalie par craniosténose :
La plagiocéphalie (incidence : 1/15.000 naissances) est une craniosténose (ossification prématurée d’une suture cranienne) liée à l’atteinte d’une suture coronale. Elle réalise une grande asymétrie craniofaciale avec, du côté atteint un aplatissement du front, qui est reculé, une ascension de l’orbite et un déplacement latéral de la racine du nez, ce qui provoque une déviation de l’ensemble de la pyramide nasale. Les formes familiales représentent 11%, des plagiocéphalies, ces dernières peuvent s’observer associées à des brachycéphalies (synostose des deux sutures coronales) au sein d’une même famille. Dans 50% des cas familiaux et 5% des cas sporadiques, on trouve une mutation récurrente du gène FGFR3. La transmission se fait sur le mode autosomique dominant. L’hypertension intracrânienne est retrouvée dans 13% des cas. L’indication opératoire s’impose dans la plupart des cas, l’âge idéal de l’intervention se situant entre 6 et 12 mois. *Auteur : Dr E. Lajeunie (novembre 2001)*.

La plagiocéphalie d’origine positionnelle :
La plagiocéphalie d’origine positionnelle est caractérisée par un site anormalement plat derrière la tête. La tête de l’enfant nouveau-né est flexible, ce qui lui permet de naître par voie naturelle et de se développer rapidement tout au long de la première année de sa vie. Le cerveau croît sans interruption contre les os du crâne jusqu’à ce que les sutures (raccordements fibreux entre les os) commencent à se souder entre le 18ième et 24ième mois. Chez plusieurs enfants, on retrouve un certain degré d’asymétrie au niveau de la tête. Dans la plupart des cas, la tête du bébé reprend une forme symétrique, par contre entre l’âge de 3 et 4 mois, une forme crânienne anormale au delà de cette période peut indiquer une condition exigeant davantage d’observation médicale et/ou de traitement.

La plagiocéphalie inclut différents types de déformation.
• Type plagiocéphalie: La déformation se définit par un aplatissement d’un côté de l’arrière de la tête avec un front asymétrique.
• Type brachycéphalie: La déformation se définit par un aplatissement qui se situe à l’arrière de la tête principalement avec un front très avancé.
• Type scaphocéphalie: La déformation se définit par crâne plus long et plus étroit. Ce type de déformation est plus commun chez les enfants passent beaucoup de temps en position de siège intra-utérin ou dans les services de réanimation néonatale.
Dans toutes ces déformations, l’alignement de l’oreille peut être affecté et l’enfant peut également avoir une asymétrie faciale. Plusieurs options de traitements sont recommandées. Elles comprennent des techniques de repositionnement pour éviter que l’enfant s’appuie sur la portion aplatie de sa tête, des thérapies physiques pour étirer les muscles faibles et/ou contractés du cou, le traitement avec l’orthèse pédiatrique, et bien sûr la prise en charge ostéopathique.

D’un point de vue ostéopathique :
On rencontrera deux types de plagiocéphalies :
• Les plagiocéphalies acquises in utéro que l’on appellera primaires
• Les plagiocéphalies qui surviennent quelques semaines après la naissance que l’on appellera secondaires.
Les plagiocéphalies acquises in utéro sont plus résistantes au travail ostéopathique car plus anciennes, certains os de la base du crâne commencent leur ossification à 7 mois in-utéro.

Les Plagiocéphalies acquises in utéro
Elles résultent d’une malposition intra-utérine due à des contraintes importantes de l’utérus sur le fœtus. Ces contraintes pourront s’exprimer sur les différentes parties du corps. Sur le crâne avec un contre appui contre le bassin de la future maman par exemple, il en résultera une plagiocéphalie. Ces tensions pourront pousser le fœtus vers le col provoquant son ouverture prématurée ou simplement une sensation de pesanteur dans le petit bassin avec des douleurs ligamentaires. Ainsi le crâne ayant peu d’espace subira déjà des contraintes déformantes. Mais souvent la contrainte vient du haut et sera transmise via les pieds, les hanches et le bassin. C’est pour cela que l’examen ostéopathique commence souvent en bas par les pieds et surtout le bassin, la colonne vertébrale et le crâne. L’ensemble du corps est ainsi concerné décrivant une virgule (explication plus loin), malposition dans laquelle le fœtus et le bébé restent figés. On retrouvera souvent un ensemble de déséquilibres associés à la plagiocéphalie qu’il conviendra de corriger le plus rapidement possible.
Nous relevons l’importance du travail sur la maman en ostéopathie pendant la grossesse qui permettra une diminution des contraintes sur l’utérus et libérera le fœtus de ces tensions en diminuant l’influence des facteurs d’apparition des plagiocéphalies.
Les contractions tout le long de la grossesse ne sont pas anodines, la libération des tensions diverses par l’ostéopathe peut être un apport intéressant dans le cadre du suivi des grossesses présentant les signes de menace d’accouchement prématuré.

Les plagiocéphalies secondaires
L’incidence de la plagiocéphalie d’origine positionnelle a augmenté depuis 1992 où l’Académie américaine de pédiatrie a recommandé aux parents de placer les enfants en bas âge sur le dos pour dormir et ce afin d’éliminer le syndrome de mort subite du nourrisson. Le temps additionnel passé par les bébés dans les sièges d’enfants, les sièges de voiture et les autres positions, incite ceux-ci à s’appuyer sur leur tête et engendre des risques de développer une déformation crânienne. Au moins 85 % des enfants avec la plagiocéphalie d’origine positionnelle ont également un torticolis. Ce problème musculaire a comme conséquence que la tête de l’enfant repose toujours dans la même position, créant un endroit plat à l’arrière du crâne et une croissance compensatoire dans d’autres zones de la tête.
A la naissance, le bébé possède un crâne parfaitement régulier.
Mais on peut deviner très vite qu’il prend des mauvaises positions. Et ce ne sont pas seulement des torticolis qui en sont le vecteur.
La position de repos du bébé s’exprimant en virgule, c’est-à-dire le bassin et les jambes d’un côté et la tête tournée de l’autre (que l’on qualifie souvent à tord de torticolis car la tête se positionne la plupart du temps du même côté). En réalité la tête n’est pas bloquée mais elle est « prisonnière » de la virgule.
Après quelques semaines, la tête toujours tournée d’un côté, s’aplatit suivant les contraintes de pression (plagiocéphalie secondaire) et le torticoli fini bien par s’installer mais il est adaptatif et secondaire.
Il faut donc prendre en compte dans la prise en charge ostéopathique de ces bébés, la globalité du corps et non une partie.
On rencontre également des bébés prisonniers d’un schéma postérieur c’est-à-dire qu’on les retrouvera toujours arc-boutés en arrière, à faire le pont. Cela fera dire aux parents qu’ils tiennent bien leurs têtes ou la relèvent bien déjà ou veulent déjà se mettre debout.
Ces bébés, toujours sur le dos, s’aplatiront l’écaille de l’occiput et les pariétaux. Ils auront l’arrière du crâne aplati parfois symétriquement ce qui se remarque peu au début.

Les Torticolis
On aura aussi deux types de torticolis

Les Torticolis vrais ou primaires
La naissance est un premier traumatisme.
L’origine des torticolis primaires est soit une lésion musculaire ou aponévrotique des scalènes voire des sterno-cléido-mastoïdiens avec la trace d’un hématome nettement visible et palpable. Ce torticolis est parfois irréductible : la tête n’a plus aucune possibilité de se tourner de l’autre côté.
Ces lésions sont toutes accidentelles, et doivent être repérés rapidement à la maternité.
L’intervention précoce de l’ostéopathe est prépondérante dans le pronostic de récupération.
Ces torticolis sont douloureux. Ils s’accompagnent souvent de problèmes fonctionnels digestifs comme les régurgitations ou de difficultés de tétée.
En effet si la maman donne le sein, le bébé aura du mal à prendre le sein du côté ou il ne peut pas tourner la tête. Cela peut compromettre l’allaitement.
Bien sur si le torticolis n’est pas corrigé rapidement on aura une plagiocéphalie secondaire du côté de la rotation de la tête.

Les Torticolis secondaires
Déjà évoqués au précédent chapitre les torticolis secondaires sont consécutifs à la position en virgule. Ce n’est qu’au bout de plusieurs semaines voir de mois que les muscles se rétractent et empêchent le cou d’être libre.

Conclusion
Il est nécessaire que l’ostéopathe puisse faire un diagnostic ostéopathique, le plus rapidement possible, du bébé soit à la maternité soit en cabinet dans les heures ou jours qui suivent la naissance.
Dans les cas évoqués précédemment, il existe de véritables urgences ostéopathiques.
Les signes d’appel : torticolis évident, positionnement en virgule du bébé, problèmes de tétée…
Cela dit tous les conseils de sollicitation du côté opposé à la tête bloquée et les changements de position sont fondamentaux pour les torticolis et les plagiocéphalies surtout la tête une fois débloquée.